The Garment SS26 :Mettre en scène – Les Écuries Royales de Copenhague
- Camz
- 14 août
- 3 min de lecture
Il y a les défilés qui réclament l’attention avec une musique assourdissante et des lumières clignotantes, et puis il y a ceux comme The Garment SS26, qui choisissent un lieu et le laissent respirer. Les Écuries Royales, datant de 1740, ne sont pas un endroit que l’on réserve à la légère.

Elles portent en elles l’histoire, la solennité, et ce silence qui rend votre téléphone soudainement beaucoup trop bruyant dans votre poche. Des souvenirs d’été de Sophia Roe à Charlottenlund jusqu’à la grandeur baroque du palais de Christian IV, le décor devient ici un personnage à part entière.
Inspiration : De la brise du jardin aux pierres anciennes
L’humeur de la saison repose sur le contraste. Imaginez des draps en coton séchant dans la brise du jardin face à la permanence de murs de pierre patinés par le soleil.

Rideaux anciens et textiles chinés dans une maison d’été en France se mêlent à la structure héritée de l’architecture royale. L’amour de Roe pour les vieux cotons, les linges délavés et le son du tissu qui bouge dans la lumière dorée se retrouve dans chaque silhouette. Ce n’est pas une nostalgie gratuite ; c’est une histoire de texture, de matière, et de souvenirs sensoriels qu’on aimerait pouvoir mettre en flacon.

Silhouettes : Minimalisme étudié
Les formes sont simples, mais loin d’être basiques. Des pantalons harem fluides glissent à chaque pas. Des robes bustier et bandeau sculpturales créent un drame silencieux sans qu’aucun strass ne vienne crier à l’attention.
Les mini-blazers évoquent les vestes d’équitation, tandis que les costumes en lin masculin et les smokings d’été sont subtilement retravaillés, avec les cravates portées en écharpe dans un geste décontracté mais parfaitement réfléchi. Ici, la fluidité de genre n’est pas une revendication : elle apparaît comme si la garde-robe avait été partagée naturellement au fil du temps.
Le soir : Superposé, mais à peine là
Quand la nuit tombe sur cette collection, elle s’enveloppe de volumes transparents pensés pour les soirées d’été que l’on souhaite prolonger. Les tailles à basque rencontrent les soutiens-gorge en crochet, le tricot épousant la peau comme un bikini encore chaud du soleil sous un châle en coton presque invisible. L’art d’être habillé et déshabillé à la fois, un paradoxe stylistique qui refuse de choisir son camp.
Matières et couleurs : Respirer avec le corps
Chaque textile est choisi pour bouger avec celui qui le porte : coton, lin, soie et tissus transparents créant de l’air autour du corps au lieu de l’enfermer. La palette est un journal d’été en couleurs – jaune beurre, barbe à papa, trench, espresso, fraise danoise, blanc comme du linge frais, noir et beige comme des murs de pierre anciens. On croit presque sentir la chaleur qu’ils dégagent.
L’atmosphère : S’habiller pour l’air lourd et les journées longues
Cette collection parle de vêtements qui évoquent le linge propre un après-midi d’été au ralenti. Elle ne cherche pas à choquer, provoquer ou faire la une. Elle se contente de confort, de liberté tranquille et de l’art d’exister avec beauté lorsque l’air est lourd et que les journées s’étirent. En cette saison où tant de créateurs courent après le toujours plus fort, plus vite, plus voyant, The Garment offre une respiration profonde et une place à l’ombre.
Un murmure qui reste
The Garment SS26 est une démonstration de subtilité et de maîtrise. Dans un décor où chaque pierre semble chargée d’histoire, les silhouettes glissent avec une aisance étudiée et prouvent qu’un vêtement peut être à la fois simple et profondément travaillé. Les inspirations, entre linge séchant au soleil et murs de pierre patinés, se traduisent par des pièces qui respirent, qui vivent et qui racontent un été fait de lumière douce et de gestes lents.

Les looks jouent sur le contraste entre structure et fluidité, transparence et couvrance, masculin et féminin, comme une conversation silencieuse entre héritage et modernité. Ce n’est pas un défilé qui crie mais un murmure qui reste longtemps après que la dernière silhouette ait quitté les écuries.
