Anne Sofie Madsen Printemps/Été 2026 : Lick the Star
- Camz

- Aug 13
- 3 min read
Quand l’adolescence devient couture
Pour le Printemps/Été 2026, Anne Sofie Madsen a invité Freja Wewer et William Becker, fondateurs du magazine Issueissue, à réinterpréter la collection et à façonner sa présentation.

Le défilé s’inspire du court-métrage culte de Sofia Coppola, Lick the Star, et capte la tension floue et adolescente de l’histoire. Le récit suit des filles de septième année planifiant un complot scandaleux à la manière de Flowers in the Attic. Dans le film, cela se traduit par un code secret légèrement mal compris qui se lit « Kill the Rats » à l’envers. Exactement le genre de bêtises que les adolescents font quand ils croient que personne ne les regarde.

La collection de Madsen reflète cette phase de jeu identitaire, de luttes silencieuses et de loyauté mise à l’épreuve. Si la mode est un jeu, SS26 est définitivement un jeu où les règles sont encore en construction.
Collaboration et profondeur conceptuelle
Becker explique qu’ils ont été attirés par le stade intermédiaire de l’adolescence. C’est le moment où les choix commencent à façonner l’identité, même si l’individu n’en est pas pleinement conscient. Dans cette perspective, l’adolescence devient une métaphore de la transformation et la collection elle-même est une méditation sur le devenir.

Au centre du podium, des objets personnels de Caroline et Sofie sont disposés comme un flatlay, capturant le chaos poétique de l’intimité adolescente. Chaque pièce évoque un souvenir ou une émotion, souvent avec un décalage ironique qui rappelle que l’adolescence, même quand elle est dramatique, n’est jamais vraiment tragique.
Forme, identité et la révolution silencieuse
La collection poursuit l’exploration par Madsen de la forme et de l’identité. Le rythme saisonnier est volontairement résisté. Au lieu de cela, des silhouettes et matériaux familiers reviennent comme une évolution plutôt qu’une répétition. Les binarités rigides de l’habillement sont adoucies.
Le masculin rencontre le féminin, le dur rencontre le délicat, le formel rencontre le décontracté. Ces oppositions ne sont pas en tension mais en dialogue, se mêlant de façons qui rendent chaque vêtement vivant et imprévisible.
Le jean classique, le blouson de motard, le costume, la robe du soir portent tous des archétypes de rébellion, de romance, de travail ou d’autorité.

Madsen les démonte et les recompose d’une manière à la fois respectueuse et espiègle. Le perfecto apparaît avec des franges, le costume est adouci par une capuche, et le débardeur flotte entre ses origines utilitaires et sa réinterprétation abstraite. Tout ce qui est familier est subtilement désamarré, invitant le spectateur à reconsidérer ses suppositions sur l’identité, la classe et le style.
Matérialité, artisanat et excès subtil
Des bretelles de soie traversent le corps comme des traces florales, la broderie de cristal apparaît dans une tension ludique entre excès et délicatesse. Le sportswear devient luxe, l’utilitaire devient ornement, et l’ordinaire est refaçonné comme extraordinaire.
Chaque vêtement est construit à la main dans l’atelier de Copenhague. Rien n’est sous-traité. Le processus est lent, attentif et méthodique, une défiance silencieuse face à la fast fashion. PE26 éblouit tout en révélant son échafaudage, équilibrant illusion et artisanat. La collection est une fantasmagorie de la vie moderne où beauté et effort coexistent, se révélant parfois, taquinant parfois l’observateur.
La pochette Glam Rat : une leçon de survie urbaine
En collaboration avec Esben Weile Kjær, la pochette Glam Rat occupe un espace curieux entre la répulsion et le glamour. Le rat devient un symbole de résilience, un petit survivant urbain reposant avec défi sur une table de café. Elle ne contient que l’essentiel, mais ce faisant, elle critique la propreté et l’ordre urbains.
Madsen transforme l’ordinaire en quelque chose d’étrange et de désirable, célébrant la marginalité comme esthétique et attitude. On ne peut s’empêcher de sourire devant l’audace de cette petite créature, à parts égales commentaire et accessoire.
Conclusion : transformation en mouvement
Anne Sofie Madsen Printemps/Été 2026 est une étude de l’identité, de l’adolescence et de la transformation exprimée à travers l’artisanat et le concept. Les vêtements familiers deviennent des véhicules d’expérimentation, d’histoire personnelle et de remix culturel.

La collaboration avec Issueissue Magazine ajoute une profondeur narrative, nous rappelant que la mode n’est pas seulement des vêtements mais aussi un contexte, une conversation et une subtile rébellion. Le podium PE26 est moins une question de tendance qu’un monde en flux, où devenir est l’acte le plus élégant de tous.


















