Caro Editions SS26 : Sous le pont, un mariage, une ville, une lettre d’amour

Certains podiums sont conçus pour le spectacle. Caro Editions a choisi le sien sous Knippelsbro, le pont de Copenhague où les fondateurs Caroline et Frederik Bille Brahe se sont mariés. Oui, sous le pont, dans l’ombre du béton, où les poutres d’acier encadrent l’eau et où les pavés respirent l’histoire.

À l’époque, ils avaient embarqué sur un bateau touristique avec leurs amis pour glisser le long des canaux de la ville. Cette fois, la croisière a laissé place à une autre procession amoureuse : une fête de mariage à laquelle on rêve d’être invité.

L’ambiance : souvenirs et douce résistance

Under the Bridge n’est pas seulement une histoire de nostalgie : c’est aussi une réflexion sur l’intimité, la visibilité et cette forme de protestation silencieuse qui surgit quand la beauté s’installe dans un espace brut et public. Inspirée par les “Brides on Tour” de Yoko Ono, Caroline réinvente la mariée : non pas prisonnière des traditions, mais militante, porteuse d’émotions et présence affirmée dans l’espace public.

Une invitée, prosecco à la main, a murmuré : « Ça fait mariage… mais aussi révolution », et franchement ? C’est exactement ça.

Les vêtements : du glamour qui se vit

La collection joue avec des soies vintage, des pois et des carreaux, et pour la première fois chez Caroline : du noir. Les soies luxueuses adoptent presque des coupes de workwear, créant ce délicieux contraste : le confort et la simplicité qui rencontrent un glamour assumé.

Des robes fluides qui traînent comme des voiles, des lettres d’amour brodées à la main dans les ourlets, et des tissus qui semblent sortis d’une malle de souvenirs de mariage. Certaines silhouettes sont du pur romantisme, d’autres évoquent cette amie qui arrive à un mariage en pantalon et réussit quand même à voler la vedette.

La mariée : décontractée, capuche en dentelle comprise

Dans le pur esprit Caro, la mariée du final n’était pas perchée sur des talons. Elle portait une capuche en dentelle, un coupe-vent en soie et des Crocs personnalisées : prête à danser toute la nuit sans se ruiner les pieds. Ce n’est pas de l’anti-glamour, c’est redéfinir le glamour : la confiance d’être soi-même au milieu d’une foule très apprêtée.

La collaboration Mulberry : réécrire l’histoire

Pour Caroline, un sac Mulberry, c’était autrefois le comble du chic : celui que l’on empruntait à sa mère pour une soirée en espérant ne pas le tacher. Aujourd’hui, elle a revisité des modèles vintage de la maison pour en faire huit pièces uniques.

Noeuds en soie, doublures à carreaux visibles (désormais fièrement à l’extérieur), broderies ludiques, appliqués qui donnent le sourire : chaque sac est une collision de patrimoine et de fantaisie. C’est de l’upcycling, oui, mais aussi du storytelling : offrir une seconde vie à des objets chargés d’histoire sans effacer leur passé.

La bande-son : du mariage à l’euphorie

Le compositeur Frederik Valentin a imaginé pour le défilé une bande-son punk/pop qui ressemblait à un souvenir en train de se déplier : fragments d’un mariage lointain se transformant peu à peu en mélodie, jusqu’à l’émotion, voire l’euphorie.

Ce n’était pas un fond sonore, c’était le pouls du défilé. À un moment, la basse a résonné pile au moment où une robe en soie s’est gonflée dans le vent, et quelqu’un au premier rang a glissé : « Ils ont forcément calculé ça, non ? » Prévu ou pas, l’effet était parfait.

Caro Editions : l’essence

Fondée en 2022, Caro Editions se tient entre le spontané et le sentimental : là où la couleur, la communauté et l’individualité se rencontrent. Caroline refuse l’idée d’une “Caro girl” figée. Elle veut que chacun s’approprie un vêtement Caro, pas qu’il se glisse dans un rôle prédéfini.

Beaucoup de pièces sont créées à partir de stocks dormants de maisons de luxe : Chanel, Dries Van Noten, Harris Tweed. Elles sont transformées dans l’atelier de Borgergade en vêtements à la fois ludiques et profondément personnels.

mpression finale

Caro Editions SS26 est une fête de mariage sans règles : une lettre d’amour à Copenhague, au mariage, au pouvoir discret de se montrer — ensemble — en couleurs.

C’est une capuche en dentelle sous un pont, des Crocs sur les pavés, des sacs Mulberry noués de rubans malicieux, et des robes que l’on peut reporter longtemps après que le bouquet a été lancé. Ce n’est pas la photo parfaite qui compte : mais le moment, le souvenir et la personne qui le porte.