LEMAIRE SS26 : UN ÉVEIL SARTORIAL OU JUSTE UNE BELLE SIESTE ?
- Camz

- Sep 5
- 3 min read
La glissade spirituelle vers le « new age gentlemanhood »
On pourrait presque entendre Christophe Lemaire toussoter en coulisses : « On aimait bien cette idée de nouveaux hippies, un peu New Age, peut-être à la recherche de spiritualité. » Derrière cette plaisanterie à moitié sérieuse, il n’y a aucune prétention ; seulement des vêtements qui murmurent « éveil » sans faire la morale. Et oui, cela vient d’une maison qui évite le bruit avec autant de rigueur qu’elle fuit la fast fashion.

Tout y est calme, constant, parfaitement contrôlé. Sauf qu’ici, une étincelle de couleur vient troubler la sérénité : bleu gris léger, rose foncé, rouge profond. La dentelle s’invite timidement, et les imprimés font un clin d’œil, pas si discret, à Picabia, Tinguely et Dalí, comme si quelqu’un avait versé du surréalisme dans votre tisane.
Textures et transparences, plus sexy qu’un brunch du dimanche
Cette saison, Lemaire flirte avec la sensualité de la manière la plus subtile qui soit. Imaginez une jupe en cuir froissé arrivant au genou, associée à un blazer structuré et à des sandales-chaussettes en résille : un look capable de dépouiller sa porteuse de ses illusions (et peut-être aussi de sa dignité).

Plus loin, des culottes soyeuses réinventent les caleçons amples en pièce presque érotique. Les pans aériens qui s’agitent sous les parkas suggèrent qu’une Parisienne pourrait bien se jeter dans ce chaos et en sortir avec allure. Et puis il y a ces jeux de transparence fantomatique : des couches diaphanes qui glissent comme de la fumée, des fentes profondes qui murmurent plutôt qu’elles ne crient, et des jupes façon foulard qui flottent bas sur les hanches brûlées de soleil, suggestives sans en faire trop.

La musique, l’ambiance, l’énergie « éveillée »
Au-delà des vêtements, il y avait le rythme. Valentina Magaletti et Zongamin ont fait résonner percussions et basses, un duel sonore qui vibrait à travers les silhouettes, les corps et même l’air ambiant.

On aurait dit que les manteaux eux-mêmes se mettaient à battre la mesure, comme s’ils essayaient de méditer mais ne pouvaient pas résister au groove. Lemaire et Tran ont affirmé que la collection se voulait « éveillée » et « verticale ». J’aurais plutôt dit que cela ressemblait à un petit coup de pied dans la nuque, dans le meilleur sens du terme.
Homme contre femme, et oui, les femmes remportent la manche
Du côté masculin, on a vu des archétypes revisités : vestes ajustées, pantalon façon pyjama, chemises à col ouvert, sandales. Les femmes, elles, jouent sur la fluidité, les transparences, les murmures de cuir, les silhouettes décalées et des jambes qui tranchent net : une ode sensuelle à l’art de s’habiller. En clair, les hommes étaient là, mais les femmes ont capté la lumière.

Petits blousons équilibrés par des pantalons larges, vestes en cuir associées à des chaussures de boxe ; l’arène est ouverte. Les hommes dégagent une confiance discrète dans leurs teintes terreuses et leurs textures patinées, mais ils ne volent pas vraiment la vedette.

Les femmes, elles, jouent sur la fluidité, les transparences, les murmures de cuir, les silhouettes décalées et des jambes qui tranchent net : une ode sensuelle à l’art de s’habiller. En clair, les hommes étaient là, mais les femmes ont capté la lumière.
Des couleurs comme un coucher de soleil, sans la carte postale kitsch
La palette ressemble à un crépuscule mis en bouteille. Des rouges brûlés ou éclatants, des blancs sales, des bordeaux qui basculent dans les violets et les gris, quelques touches délavées par le soleil, d’autres carbonisées, le tout arrimé par du noir illuminé d’éclats.

C’est une poésie chromatique, une dramaturgie de la couleur qui ne crie jamais, qui préfère murmurer, séduire, s’attarder. Presque spirituel. Ou qui fait semblant, tout en restant fermement ancré dans la matière et la coupe.
Conclusion : votre dressing vient de s’éveiller, presque nirvana
Ne nous mentons pas : il ne s’agit pas d’une révolution de mode. Lemaire ne prépare pas une insurrection vestimentaire, mais délivre plutôt un sermon tranquille et sûr de lui sur la beauté de s’habiller avec intention.

Une collection qui refuse la flamboyance tout en flirtant avec la sensualité, qui privilégie la douceur tout en avançant avec assurance, qui murmure « sois éveillé, sois toi-même » sans sombrer dans le slogan publicitaire. Dans le grand panthéon de la mode, Lemaire reste ce vieil ami fiable qui, en coulisse, est peut-être en train de préparer la paix mondiale. La SS26 n’a pas explosé. Elle a bruissé. Elle a frissonné. Et je suis presque certain que si vous fermez les yeux, vous sentirez ces vêtements respirer.














































































































